jeudi 26 avril 2018

El Cinco, Barcelone


Probablement l’une des plus étonnantes ouvertures de restaurants à Barcelone ces derniers mois avec « El Cinco » sur la place Joan Llongueras non loin du quartier de Sant Gervasi. Un établissement ouvert en octobre 2017 un peu particulier récemment rénové avec un design intérieur avec un parfait équilibre entre élégance et modernité.

Une structure un peu particulière avec au rez-de-chaussez un très agréable restaurant dirigé par le chef José Armenteros et au sous-sol un bar et club dont le directeur est Javier Veloso. Un chef qui possède même son propre site, où l’on peut découvrir de manière détaillée son parcours et ses services. En dehors de toutes ses expériences, récompenses et autres qualités, on y apprendra qu’il travailla chez le célèbre restaurant Gaig comme bras droit de Carles. Ensuite il fonde une société de conseils et une école.

Pas forcément le quartier le plus fréquenté par le tourisme et c’est bien voulu. La clientèle de « El Cinco » connaît les qualités de ce chef et l’endroit est parfaitement situé pour les Barcelonais. Une petite place, un ou deux établissements et la devanture bien éclairée du restaurant.


L’intérieur est plus que surprenant et assez indéfinissable. Moderne, design, boisé, un peu art-déco, un peu bar, un peu bistrot, cela va un peu dans tous les sens mais avec passablement d’harmonie. Lattes de bois murales un peu partout, éclairages plutôt originaux, un certain nombre de tables face a un bar. Visuellement, assez lumineux, un sol hydraulique avec un motif, du cuir, de petites tables un peu partout. Pas forcement ce que l’on a l’habitude de voir ailleurs.




A l’entrée de cette salle de restaurant peu conventionnelle, une rampe d’escaliers un peu surréelle qui vous emmènera dans le club en dessous. Lumières rouges de cabaret, néon sybillin, bouteilles rangées sur des étagères comme décoration.



La salle de restaurant ce début de semaine est un peu vide mais ne pose aucun problème. Le service est à notre disposition avec un serveur d’origine italienne.



Plusieurs petites salles avec une seconde qui longe les fenêtres qui donnent sur la place Joan Llongueras, peut-être asez française avec sa banquette de cuir et ses tables alignées. Le design a été imaginé par le cabinet Lázaro Rosa-Violán


La carte est assez originale où l’on peut identifier un certain nombre d’influences, soit locales, soit parfois françaises ou méditerranéennes. Un plaisir que de trouver autre chose que cette cuisine fusion lassante à la longue ou alors ces plats servis dans la plupart des restaurants à la mode aujourd’hui, style ceviche et tataki. Un choix difficile car il y a beaucoup de choses très tentantes. Par exemple ce succulent plat en dehors du menu qui nous est proposé par le garçon, un magnifique pigeon accompagné de salsifis. Une cuisson parfaite, le salsifi fondant en bouche et un fond de sauce parfaitement cuisiné.



Ou alors ces très fins raviolis au foie gras servis avec des morceaux d’anguille fumée, crème et noix. L’association foie-anguille probablement imaginée initialement par Martin Berasategui est ici repensée en un plat plus franco-italien avec énormément de gourmandise. La pâte est fine, la farce gouteuse et la sauce onctueuse.


Le pain maison est lui aussi particulièrement bon, dans le style pain de coca.


Autre très beau plat que le lapin farci aux calçots, romarin et asperges. Le râble a été ouvert puis farci avec ce légume catalan, la viande est rôtie, dorée, les asperges juste poêlées. Du romarin en poudre sur le dessus. Un plat de marché parfaitement exécuté.



Pour suite, le cochon de lait à l’avocat et agrumes. La viande est comme il se doit fondante et croustillante, peut-être que les crèmes d’avocat mériteraient un peu plus de saveurs, le tout étant un peu timide. C’est joliment présenté avec les fruits et quelques lamelles de concombre pour la texture.


On sait que le chef a été élu comme meilleur pâtissier ou desserts il y a quelques années de cela mais étonnement c’est ce qui nous aura le moins séduit. Une version de l’incontournable torrija mais ici réalisée avec du pantone. Equivalent du pain perdu avec dessus une glace vanille. La texture est trop molle pour moi.


Avec ce repas un vin appelé Barbara Forès Coma d’En Pou, Terra Alta 2015. Un excellent vin rouge de l'A.O.C. Terra Alta produit par Celler Bàrbara Forés, une cave se trouvant à l'Est de la ville de Gandesa (Tarragona), dans un petit village proche de la chaîne montagneuse de Cavalls. Très équilibré, toasté et épicé, une bonne persistance en bouche.


La soirée ne s’arrêtera pas là car nous aurons la chance de faire un tour dans l’établissement avec tout d’abord une salle privée pour une dizaine de couverts dans un cadre toujours aussi soigné et dans les tons blancs.


Puis nous nous rendrons dans le club ou bar qui se trouve à l’étage inférieur.  Un club avec bar et piste de dance, de confortables canapés un peu partout, quelque chose aussi d’un peu « speakeasy ». Un lieu où l’on peut aussi bien danser que s’asseoir, discuter et prendre un verre. C’est ici que sont généralement organisées des soirées à thèmes ou même des soirées privées. Auparavant, d’autres discothèques occupaient le lieu comme le Don Chufo, Nitsa et BeCool.




Certains coins de cette salle ont un côté un peu plus rétro, même britannique, toujours aussi confortable avec ici des pochettes de disques encadrées. Ce soir la musique est très jazzy comme d’ailleurs l’ensemble des pochettes sur les murs.


Ce soir nous nous verrons proposé un superbe cocktail préparé par notre sympathique serveuse du restaurant qui nous préparera elle-même ce dernier.




Une très bonne adresse avec de la tradition pour les bases culinaires mais des techniques et touches actuelles. Une cuisine très fraiche avec de beaux légumes, finalement peu fréquents dans la plupart des restaurants. Des cuissons très précises de très bon produits avec une maitrise rare des fonds de sauce. Pas de dressages fantaisistes superflus mais tout va à l’essentiel : les saveurs, les odeurs et le produit. On peut donc venir ici tout d’abord se délecter avec la cuisine très personnelle du chef, puis s’abandonner à l’étage en dessous si l’on est friand de nuits folles et de cocktails de qualité.

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