dimanche 8 avril 2012

Vincent Croizard, Nîmes


Très amusant que de devoir sonner à la porte pour avoir accès à cette table située dans le vieux Nîmes. Situé dans une rue pas trop engageante, vous ne trouverez pas cet endroit si au préalable vous n’en connaissez pas l’adresse.


Une fois la porte ouverte, c’est dans une maison de maître dans laquelle vous entrerez, une rampe d’escalier pour accéder aux étages, et devant vous le restaurant donnant sur un très joli patio intérieur où il doit être bien agréable de dîner lors de chaudes soirées d’été. J’aime beaucoup ce genre d’intérieur entre chic et artiste, des tableaux sur les murs couleur taupe, de belles lumières, une mezzanine sur laquelle une partie de la cave se trouve et cette vue sur la cours intérieure. L’endroit est propice au repas entre amis, pas guindé mais chic, beau, on s’y sent très bien.






Le chef Vincent Croizard, un autodidacte un peu une étoile montante de la région concocte ici une cuisine provençale et languedocienne de caractère avec une certaine pointe d’originalité, quelques touches presque exotique mais sans tomber dans le style fusion facile.

Quelques instants après avoir reçu la carte il nous fut apporté un espuma de brandade de morue, très léger évidement avec un goût discret de poisson. Bon amuse-bouche qui émoustille les papilles. En plus des plats à la carte, deux menus sont proposés à des tarifs très sages. L’un comme l’autre sont fort attirants et devant l’hésitation nous avons choisi l’un des deux en ajoutant une entrée du premier.


Pour commencer un plat intitulé Saint-Jacques, préparées au beurre de Satay, légère de corail au demi-sel, kiwis et topinambours. En réalité une Saint-Jacques un peu perdue sur une ardoise avec une touche de sauce coraillée et quelques légumes/fruit en julienne. Un peu difficile à vrais dire de se faire une opinion car la ration est tellement petite que l’on pensait qu’il s’agissait d’un amuse-bouche…C’est bon mais le kiwi n’amène pas grand-chose.


Nous avions décidé de piocher dans le second menu un plat supplémentaire car une des entrées semblait être fort intéressante : un foie gras frais, lit de Gariguettes poêlées aux quatre épices, balsamique et pistache. Eh bien je peux vous garantir que « cela marche »…comme qui dirait ! C’est vraiment une association détonante, des fraises vinaigrées et sucrées avec ce très bon foie, c’est absolument divin !


J’ai ensuite été un peu moins séduit par l’artichaut rôti à l’huile d’anchois, olive verte, blanche de « poulette », tartine à la moelle. Un peu difficile de déguster ce plat de manière complète car chaque élément se mange finalement un peu indépendamment.


Le foie de veau rôti jambalaya, pommes, câpres et céleri était une vraie réussite sauf que le foie était tiède…Dommage car le plat est visuellement beau et l’association des textures molles et croquantes une réussite.


Très beau et bon poisson de rivière à l’étuvée de bergamote, blanc de thé vert, baguette de cacahuète, potiron tempura. Un dressage vraiment asiatique et des saveurs subtiles lorgnant aussi vers l’Asie.


En plat principal, un bœuf paleron braisé puis doré au beurre de moutarde, céleri rave en flan, échalotes frites, jus réduit de vin rouge au cumin. Encore un très beau dressage, un plat aux saveurs plus provençal qui pourrait rappeler de loin la célèbre daube. Un plat rassurant et parfumé.


A ce stade je suis vraiment impressionné par les cotés gustatifs et visuels de ces plats, mais il y a quelque chose qui ne me plaît pas : les assiettes…En fait des ardoises. Ces rectangles noirs un peu bruts ne se marient pas bien avec les divers dressages. De plus, tout le monde nous a servi des ardoises depuis des années…Ces plats nécessiteraient vraiment d’être nettement mieux mis en valeur !

Nous continuons avec deux fromages travaillés ; pour l’un le soumaintrain fondu, compotée d’échalotes au porto, tartelette
 

et pour l’autre un pélardon entre céleri et biscuit fenugrec, gelée de raisins de notre jardin. Deux magnifiques exemples où l’on ne se contente pas de simplement amener le chariot mais de proposer quelque chose d’élaboré et de bon.


Un entre-deux dont je ne me rappelle absolument pas de quoi il s’agissait…Comme un jus…


Et le moment des desserts arrive avec deux très belles et bonnes réalisations : le chocolat « comme ceux de la boîte », façon ganache, tout noir, au rhum et à la vanille ;


la pomme revenue dans le caramel salé, compote sablé de poivre vert, granité de granny. Un magnifique dessert chocolaté et le second plein de fraîcheur.


Malheureusement le service fut un peu disparate car deux des serveuses ne semblaient pas trop maîtriser l’appellation des plats ni en mesure de décrire leur contenu. C’est un peu dommage que l’on subisse une telle situation alors qu’indéniablement il y a de la recherche dans cette cuisine, des associations tout à fait exquises et un visuel plutôt très intéressant. Je suis convaincu que la mention« un autre grand de demain » dans l’édition GM de 2012 est tout à fait justifiée et en dépit de mes deux remarques, il y a fort à parier que ceci sera rapidement corrigé. Probablement la plus belle table de Nîmes centre.

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