jeudi 21 décembre 2017

Frankie Gallo Cha Cha Cha, Barcelone


Une adresse bien cachée dans le quartier du Raval et actuellement seulement connue des locaux mais cela ne risque pas d’être le cas bien longtemps. Juste la rue derrière chez moi, je ne serais jamais passé devant cette arcade si je n’étais pas tombé sur un récent article du magazine Forbes daté du 3 décembre dont le titre est « Les 10 endroits les plus cool endroits pour manger en 2018 » ! Comme quoi je prends de l’avance sur l’année prochaine en allant découvrir cette merveille de pizzeria tenue par des frères Colombo, déjà propriétaires des établissements « Bar Brutal » et « Xemei ». D’entrée je reconnais que je ne suis pas un inconditionnel de la pizza et n’en mange que rarement, simplement parce que très souvent, elles ne sont pas au niveau de ce que j’ai pu manger en Italie comme spécifiquement Naples et Rome. Et j’ajouterai aux Etats-Unis car entre autres à New-York, il existe des pizze comme dans peu d’endroits. Tout est évidement dans la pâte, les ingrédients et les méthodes de cuisson. Simple en apparence mais vraiment compliqué. Toujours est-il nous voici face a « Frankie Gallo Cha Cha Cha » dans cette rue du quartier du Raval avec en tout et pour tout, une pancarte sur laquelle est indiqué « Pizza »…


Je ne sais pas si l’on peut réserver car je n’ai rien trouvé sur leur site et encore moins sur les réseaux sociaux. Bref, on s’aperçoit rapidement que l’on doit s’inscrire et attendre un certain moment avant de passer à table. D’ailleurs certaines personnes semblent patienter à l’extérieur.


Et une fois à l’intérieur, je dois immédiatement reconnaître que l’endroit est plutôt exceptionnel. Une série de salles en enfilade qui pourrait laisser penser que nous sommes dans un ancien atelier qui a été réaffecté pour en faire l’un des lieux les plus remarquables que j’aie vu récemment. Une ambiance complètement festive, évidemment beaucoup de bruit et de monde. Vous atterrirez donc à la petite réception et sans aucun doute patienterez au sympathique bar de l’entrée où vous pourrez prendre une boisson. Tout est dans les couleurs rouges, les bouteilles étant astucieusement illuminées depuis le dessous.





Un bar vraiment différent avec les barman casquettés ou chapeautés, la sélection de bières locales a la pression et bien entendu des cocktails.




Bières artisanales à la pression qui sont tirées d’un autre comptoir a quelques mètres du bar principal.


Une architecture intérieure assez particulière car le long d’un couloir décoré pour Noël de sapin qui vous amène à la salle principale, vous découvrirez une série de petits salons particuliers ou d’alcôves, probablement réservés aux groupes. Salons d’ailleurs sur deux niveaux qui la plupart ont une vue plongeante sur ce couloir. Certains sont plus grands et illuminés que d’autres, chacun respectant l’architecture initiale du bâtiment.


 


Un espace un peu confidentiel pour l’un, une impression de se retrouver dans un atelier pour l’autre et un coin avec des buches de bois dans un troisième.



Mais la plus belle salle reste selon moi la principale, genre grand espace industriel finalement très New-Yorkais avec une série de tables communautaires, de la tuyauterie métallique au plafond, des murs bleus ou restés tels quels,  une lumière un peu irréelle, tout ceci dans un bruit indescriptible. A vrais dire cela me rappelle un peu le célèbre Roberta’s de Brooklyn. Un lieu donc vraiment impressionnant pour sa structure, sa décoration, son ambiance, avec une clientèle branchée et exclusivement dans la trentaine. C’est simple…une fois les tables vidées, elles sont a nouveau peuplées par de nouveaux convives.






En parallèle de cette impressionnante salle à manger, une seconde plus petite qui a priori peut servir a des fêtes privées et qui confirme que nous somme probablement dans une ancienne usine.



Une des particularités de « Frankie Gallo Cha Cha Cha », ce sont ces deux gigantesques fours à bois en fond de salle avec une demi-douzaine de pizzaiolo. Pas de temps mort, cela court dans tous les sens, a première abord tout semble être parfaitement maitrisé mais surtout délicieux.




Les pizze une fois prêtes sont donc souvent finalisées sur le comptoir face aux fours.



Maintenant qu’en est-il de ce que l’on mange car tout est parfait jusqu’à maintenant mais l’assiette reste quand même la raison pour laquelle je suis venu… Une carte avec quelques entrées, certaines locales mais souvent italiennes. Diverses sortes de pizze, avec un fond de tomates ou de mozzarella ou les deux. D’autres qualifiées de spéciales, car avec des ingrédients plus recherchés ou des associations plus originales.

Nous sélectionnerons pour commencer un Melanzane alla parmigiana au four à bois. Grand classique à base d’aubergines, de purée de tomates, de mozzarella au lait de bufflonne si possible et parmesan. L’assiette présentée est plutôt bonne mais l’impression que j’ai c’est que si cela a été cuit au feu de bois, cela dû être réchauffé au micro-onde et la mozzarella est à certains endroits gommeuses, certaines parties tièdes. Dommage car le plat est bien réalisé.


Je ne sais combien de fois j’ai mangé d’excellents calamars en Espagne et évidemment Barcelone, donc nous sommes tentés par des calamars frits, citron vert et sauge. Le problème principal est qu’ils sont vraiment caoutchouteux, que la pâte de friture est trop épaisse, donc le tout un peu huileux. Ensuite pas du tout amateur d’un distributeur de mayonnaise style tube… Nous avons laissé un peu moins de la moitié car ils étaient plus que décevant.


Première pizza appelée Carbonara a la truffe, avec mozzarella, guanciale, œuf, pecorino, truffe noire. Je dois admettre qu’en lisant le mot « truffe » je me suis tout de suite imaginé de fines lamelles sur la pizza puisque l’Espagne est un énorme producteur de truffes. Quelle déception… Tout d’abord parlons de la pâte. Malgré son apparence plutôt appétissante, celle-ci était vraiment quelconque et surtout gommeuse ! Une impression de devoir mâcher inlassablement ce que l’on a en bouche. De plus le dessous de la pizza était tellement mouillé que la pâte était mollasse ! Comparé à de réelles pizze d’Italie et des USA, ce n’est vraiment pas terrible. Maintenant le dessus ; je ne sais s’il s’agissait de réelle mozzarella mais j’avais l’impression que c’était un peu dilué avec de la crème, avec une sorte de coulis à la truffe, trois minuscules tranchettes de cette dernière, quelques morceaux de cette charcuterie italienne. Vraiment très écoeurant, pas un franc goût de truffe, pas équilibré, trop salé. C’est une réelle désillusion et d’ailleurs comme la plupart des autres convives, nous avons laissé le pourtour de pâte peu mangeable.       


Seconde pizza plus classique, la Parmigiana, avec aubergine, ricotta, tomates cerise, basilic, parmesan. Mêmes observations pour la pâte, les ingrédients sont corrects mais sans plus car la mozzarella après quelques instants est aussi figée et vraiment gommeuse.


La carte des vins n’est pas très riche, propose une série de bouteilles italiennes à mon avis un peu trop chère pour ce que c’est. Je me suis rabattu sur un vin catalan, l’unique sur la carte, un Montsant Altaroses 2015, Joan d’Anguera. Vin biodynamique, assez aérien et très différent des autres vins de cette appellation.


Clairement le lieu d’un point de vue architectural et décoration est exceptionnel et ce n’est pas ces quelques lignes qui vont changer quoi que ce soit. Cela ne désemplit pas, la clientèle semble plus focalisée au côté branché et social que vraiment l’assiette. Une prestation culinaire bien quelconque qui ne réjouira pas les connaisseurs de cuisine italienne, les amateurs de vraies pizze napolitaines ou autres. C’est bâclé et approximatif, les ingrédients de base ne sont pas bons. Je pourrais qualifier cette soirée de « caoutchouteuse » culinairement.  Si c’est pour faire la fête ou avec un groupe, l’endroit est idéal. Si c’est pour apprécier une pizza de haut vol, c’est plutôt raté.

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