mercredi 25 décembre 2013

Boulevard, San Francisco



Christmas Eve, San Francisco… Mais ou aller diner en famille? Voila une situation pas facile à gérer sachant que cela ne m’était jamais arrivé avant ce soir. Après maintes recherches me voici décidé de passer cette belle soirée au « Boulevard ».


Dans un quartier face à l’océan appelé Embarcadero, sur un coin de rue l’endroit ne peut être manqué. Ouvert depuis 1993, dans un bâtiment historique appelé Audiffred Building, Boulevard est supposé être l’un des meilleurs restaurants de San Francisco.



Un très beau bâtiment de briques face aux quais longeant la baie qui est illuminé élégament autour de chaque fenêtre. A travers les vitres décorées avec des couronnes de sapin, on ne peut que se réjouir de l’ambiance intérieure qui y règne.



Le chef Nancy Oakes, figure emblématique de la ville peut se vanter de mener l’une des tables les plus réputées de Californie. Sensée toujours impresssionner, elle propose une cuisine américaine classique avec des influences françaises dans un environnementr où l’on est toujours choyé. Toutes ces bonnes raison m’ont rapidement fait penser « que de mieux pour une telle soirée » tenant compte du côté très agréable de l’environnement et du type de cuisine?

Une fois à l’intérieur, on est tout de suite impressionné par la beauté de l’endroit. L’intérieur est plutôt élégant avec un décor de style belle époque. Un très beau bar sur la droite invite à démarrer la soirée en prenant l’un des très intéressants cocktails avant de passer à table.




La salle principalement  en longueur laisse encore apparaitre les éléments architecturaux de l’édifice avec entre autre le plafond de brique amenant un côté plutôt  brut mais les tables sont vraiment joliment dressées avec des nappes blanches. L’ensemble avec ces meubles un peu art-déco peut faire penser à une brasserie française assez chic. Au fond à droite, la brigade que l’on peut observer si l’on décide de dîner au comptoir.



Les lampes, style Gallé apportent aussi une douceur dans les éclairages, conférant au tout encore plus de charme.



Comme dans tous les endroits plutôt luxueux américains, le service est de premier ordre. Notre serveur nous tend les cartes ainsi que celle des vins ou j’y trouve une très belle sélection. Pas de menu de Noël ce soir mais la carte du moment qui ici est plus qu’alléchante.

Les « ravioli di mare » ; des Cappelletti au homard et crevettes de rochers, salsifis caramélisés, sauce aux trompettes de la mort, truffes blanches de l’Oregon. Voici un plat absolument festif ! Les Cappelletti sont des pâtes qui ne sont généralement que préparées pour les périodes de fête en Italie. Réalisée avec des œufs, elles sont ici finement farcies de ces magnifiques produits de la mer. Sur chaque pâte, une tranchettes de salsifi, un concentré de trompettes et surtout la truffe blanche qui à mon grand étonnement se trouve aussi ici aux Etats-Unis. Une vraie entrée de fête parfaitement réalisée et d’une belle gourmandise.


Une parenthèse pour dire que les truffes sur le territoire américain commencent à avoir une excellente image ici, d’autant plus que leur prix est plus intéressant que l’exportation de la melano. Il s’agit de Tuber oregonense et Tuber gibbosum (Truffe blanche de l’Oregon - T. gibbosum var. oregonense), il y aurait trois variétés de cette truffe utiliséee par les cuisiniers Nord-Américains. Ici probablement de la Tuber oregonese, truffe blanche d’hiver récoltées d’octobre à février dans en Oregon. Elle se déniche sous les sapins douglas à une profondeur d’environ 10-25 cm. Au moment de la récolte, on remarque au nez une note très particulière d’ananas et de mangue.
 
Pour une autre personne, une burrata, betterave et citrus. Une assiette haute en couleur avec une délicieuse burrata bien crémeuse de la compagnie fromagère californienne Gioia de South El Monte ; des betteraves rouges et Chiogga (celles qui sont en strates rouges et blanches) poêlées, des morceaux d’orange Cara Cara qui sont une espèce Navel plutôt douce et peu acidulée ; du pamplemousse Oro Blanco issu du croisement d’un pamplemousse et d’un pomelo, seulement commercialisé d’octobre à mai avec une pulpe blonde, très juteuse, d'une grande douceur ; une aillade de noisettes d’Oregon. C’est une assiette de grande fraicheur avec à nouveau des produits magnifiquement sélectionnés.


Pour moi des coquilles Saint-Jacques de Nantucket avec du crabe de Dungeness ; une polenta noire, une panzanella qui est une une salade florentine à base de pain et de tomates ; du lard de porc Uni & Mangalitsa ; de l’huile nouvelle de chez Laudemio Frescobaldi, l’une des meilleures huiles Toscane. Je suis vraiment ébahi par le choix tellement précis de tous les ingrédients de ces assiettes. Ma polenta à l’encre de seiche est subblime, le crabe et les coquilles cuites à la perfection, la petite salade d’une grande finesse, l’huile magnifiquement parfumée. C’est un plat magique d’une énorme gourmandise.


Quatrième entrée avec des huitres Hama Hama croustillantes, carpaccio de bœuf Zabuton, quelques épinards sauce Hollandaise, huile d’épinards de nouvelle-zélande, raifort frais râpé. Ce sont des huitres de l’Olympic Peninsula de l’état de Washington qui ont été frites, un carpaccio de bœuf de Kobe, quelques feuilles d’épinards relevées par le raifort, l’huile et quelques touches de sauce Hollandaise. Les associations sont un peu folles mais c’est une réussite totale.


Voici quatre magnifique entrées vraiment originales avec des produits plus qu’exceptionnels qui ont été grandement appréciées par tous les convives.

On poursuit avec des coquilles Saint-Jacques à la plamcha, ail et thym. Risotto noir avec des champignons oreilles, bacon, brandade de poireaux, cœurs d’artichauts croustillants, petite sauce citronnée au homard et coquillages. Cette assiette est d’une grande beauté. Le risotto à l’encre est onctueux, les Saimt-Jacques absolument parfaites ; l’accompagnement de légumes magnifique.


Pour une autre personne le filet de bœuf Angus rôti au four ; pommes de terres croustillantes à l’espagnole sur une mousse de pommes de terre à l’aioli, des épinards Bloomsdale, des échalotes confites, du fromage manchego agé, un peu d’ail et de persil, des pignons et un jus de bœuf. La viande est un rêve, les sauces sont prodigieusement parfumées, c’est un plat classique mais réalisé à la perfection.


Autre plat principal le T-Bone d’agneau californien cuit au four à bois, servi sur l’os. Pistaches de siciles, raisins Hamada rôtis, crème  de chou-fleur et citron, pommes de terre péruviennes, jus d’agneau au romarin et baslamic au genièvre. L’agneau fond dans la bouche, les accompagnements sont équilibrés dans le dosage. Une assiette a nouveau un peu classique mais parfaite.


Pour moi une côte de porc de la ferme Eden Valley Berkshire cuite au feu de bois, poitrine de porc fumée, pommes de terre du Yukon avec une sauce moutarde et pin de l’Oregon, blettes et navets de Tokyo sautés, graines de moutarde vinaigrées et jus de porc.  Une viande de porc comme rarement dégustée. Assez semblable au porc de Bigorre, ici parfaitement asaisonnée dans un magnifique jus et quelques légumes bien croquants.


Les dessert arrivent qui sont à la limite du décadent… mais tellement généreux en saveur. Ce type de desserts que l’on ne trouve probablement plus en Europe ; assez sucrés, avec des ingrédients ou recettes de base, mais qui sont des desserts de fête. 

Une tatin chaude à la poire Bartlett, glace à la crème fraiche, crumble de noix, poires asiatique et grenade. Le dessert parfait pour les amateurs de tatin. C’est tout simplement délicieux.


Mon dessert restera ancré dans ma mémoire à tout jamais malgré qu’a priori ce soit plutôt très riche, sans recherche culinaire mais le résultat fut simplement prodigieux. Un pudding au beurre de whisky, crème bavaroise au chocolat, granola au sirop d’érable et biscuit aux noix de pécan. Le dessert aux goûts enfantins dont on rêve presque de s’étouffer avec…


Et pour finir un gateau au chocolat sans farine avec une glace au sucre brun, sauce hot fudge, noix de cajou caramélisées, petites sucreries au cacao. Encore un très bon dessert classique et très rassurant.



Avec ce repas très bon un pinot noir Handley de l’Anderson Valley en 2009 avec des aromes de cerise, prune, zeste d’orange.


Voila un vrais repas de fête malgré qu’aucun des mets n’étaebit réellement ce que l’on mange pour Noël mais quel repas ! Des recettes repenseés, des produits exceptionnels, des saveurs d’une grande gourmandise avec des touches parfois enfantines. L’endroit est beau, l’ambiance unique.Pas étonnant que Boulevard ait reçu le James Beard Award pour le meilleur restaurant de 2012.

Un endroit pour des moments exceptionnels.


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